Sensibiliser les publics au tourisme durable

Le tourisme durable n’est pas une préoccupation récente mais elle est des plus actuelles. Le temps de la sensibilisation générale est dépassé. Les nombreux signaux du citoyen, des institutions et des entreprises ne laissent plus de doute quant à la nécessaire mise en action de tous. De nombreuses initiatives existent d’ailleurs, de la plus intimiste à la plus médiatique. Les offices de tourisme, les territoires touristiques et les entreprises du tourisme ne sont pas en reste comme dans tous les secteurs d’activité. Cependant il est un réel défi de faire en sorte que les actions et initiatives menées fassent prendre conscience les publics, questionnent et essaiment.

Par leurs outils de communication, par la large audience de leur message, par leur ancrage dans l’écosystème territorial, les offices de tourisme peuvent jouer un rôle prépondérant pour structurer et valoriser des initiatives durables tout en sensibilisant les publics. Il s’agit alors clairement d’une stratégie à long terme et non pas d’une simple filière à animer ou d’actions à valoriser. Le premier public a convaincre et à mobiliser est déjà celui de la structure elle-même, des institutions, des entreprises locales puis des consommateurs voyageurs ou habitants.

Les exemples partagés dans cet article sont le fruit des échanges de l’atelier « Mon office de tourisme s’engage dans la sensibilisation des publics » qui s’est tenu lors du séminaire des directeurs des Offices de tourisme de Nouvelle-Aquitaine en avril 2019.
Sophie Duprat-Caouré, Chargée de stratégie digitale de la Destination Vendée Grand Littoral, et Nathalie Jullien, Directrice de la Destination Bisca Grands Lacs, ont pu apporter un regard croisé inspirant sur quelques initiatives de la sensibilisation à la responsabilisation des pratiques.

Se changer soi-même avant de changer les autres

Si nous actons le fait que les acteurs du tourisme ont un rôle à jouer dans la sensibilisation des publics sur le tourisme durable alors la devise portée par l’Office de Tourisme Destination Vendée Grand Littoral prend tout son sens : Se changer soi-même avant de changer les autres.

Au-delà de la devise, ces quelques gestes simples qui limitent l’impact de l’office de tourisme sur l’environnement peuvent alors être repris par tous ! A vous de jouer et d’en parler :

• Stocks de brochures contrôlés
• Impressions raisonnées
• Recyclage et tri des déchets
• Télétravail et covoiturage
• Appareils éteints en fin de journée
• Adieu bouteilles d’eau et bonjour aux carafes
• Veille sur le stockage numérique
• Limitation des newsletters
• …

Le rôle de l’office de tourisme ne peut s’arrêter à la valorisation de ses comportements responsables dans ses brochures ou sur l’une de ses pages internet. La destination Vendée Grand Littoral l’a bien compris. Nous y reviendrons un peu plus loin sur le sujet.

La problématique va donc plus loin que la simple communication / sensibilisation et il s’agit pour l’entreprise et de cerner « Comment pourrait-elle être porteuse de messages auprès des habitants et visiteurs, voire rendre responsables les pratiques touristiques ? »
Le challenge est de taille et ne peut se porter seul. Il y a fort à faire avec son environnement local tout en s’orientant vers des comportements et actions exemplaires pour montrer que c’est possible.

Un rôle de sensibilisation à jouer dans son écosystème local

De la sensibilisation à la responsabilisation des pratiques pour le tourisme durable ? Pourquoi ne pas relever ce défi palpitant. Voici 7 éléments, nullement exhaustifs, qui s’entremêlent dans les projets et idées autour de cette problématique de sensibilisation.

• Les publics : il est bien question ici d’initiatives qui touchent tout usager sans distinction de la fameuse cible « touriste ». Collaborateurs, partenaires, habitants, salariés, voyageurs, entreprises de tout secteur… Les échanges amènent à intégrer aussi les scolaires avec les enfants comme premier prescripteur local.
• Les entreprises : dans les initiatives environnementales impulsées, il est évident que les partenaires privés, doivent être associés comme premier utilisateur et prescripteur. La diffusion des écogestes, le déploiement des labels et certifications, mais surtout leur rôle dans la sensibilisation des voyageurs sont primordiaux. De trop nombreuses initiatives à fort impact restent encore trop méconnues en-dehors des murs de l’entreprise qui les met en oeuvre.
• Les collectivités : chaque interlocuteur d’une collectivité est un habitant de ce territoire. Ce n’est pas anodin pour la sensibilisation sans compter bien entendu le rôle de l’institution pour impulser et soutenir les initiatives.
• Les événements : ils nourrissent les agendas touristiques et culturelles et voient défiler un nombre important de public. Ils sont clairement des temps et des espaces de choix pour faire changer les choses et passer des messages de sensibilisation.
• Le nudge : s’inspirer des techniques du nudge sont particulièrement adaptées pour sensibiliser sans moraliser autour des sujets des éco-gestes et des prises de conscience.
• Communication vs reel impact : il est assez facile de communiquer sur des actions durables dans les supports et différents canaux de communication. Il est aussi important de réellement mesurer les impacts des actions menées afin de les valoriser à nouveau. Le retour d’information de l’impact du geste est tout aussi important que le geste lui-même.
• Casser les silos : l’enjeu à long terme de ces thématiques implique forcément des méthodes participatives et inclusives pour les équipes d’entreprises porteuses d’initiatives et pour les territoires qui en sont le terreau.

Une démarche territoriale comme l’opération Zéro Mégots des Grands Lacs

Bienvenue sur le territoire de Bisca – Grands Lacs dans les Landes. Constitué de 7 communes, ce territoire se confronte comme beaucoup de lieux à la gestion des mégots jetés machinalement par terre… et sur les plages.

Mairies, associations de commerçants, office de tourisme s’investissent de longue date sur ce sujet en distribuant gratuitement des cendriers de plage par exemple. Au-delà de cette action, l’objectif est de passer au Zéro Mégot en adoptant un nouveau comportement : le geste EcoMegot.

L’idée est alors de favoriser les changements de comportements avec 3 étapes : Sensibiliser – Collecter – Valoriser. Des points de collecte sont installés à des lieux stratégiques comme une sortie de plage. Le fumeur peut alors y déposer les mégots qu’il n’a pas laissés sur la plage.
Ces mégots sont collectés et amenés en centre de tri pour être traités et revalorisés (industrie, combustible…). L’impact environnemental et social est calculé pour servir à nouveau à la sensibilisation et la communication du dispositif.

Le mégot, c’est :
Le 2^nd déchet le plus ramassé sur les plages
500 L d’eau pollués par mégot
2 500 substances chimiques
16% des départs de feux de forêt

La démarche portée par la communauté de commune des Grands Lacs s’appuie sur les solutions de la société EcoMegot. Elle intègre aussi de nombreux partenaires de l’Association des Commerçants de Biscarrosse Plage au grand groupe Veolia ou encore Atlandes, le gestionnaire de l’Autoroute A63 des Landes, porte d’entrée du département.

Premier résultat :
3,1 kg de mégots collectés en 6 mois.
12000 mégots que ne finiront pas dans la nature.
6000 L d’eau préservés.
15 collecteurs seront installés en 2019

Une démarche d’abord interne comme le défi écologique de l’équipe Destination Vendée Grand Littoral

L’office de tourisme met en oeuvre des défis écologiques à réaliser par l’équipe. Exemplarité, Zéro budget et Maxi effet ! L’équipe a mis les bouchées doubles en 2019 pour prendre à bras le corps son rôle de sensibilisation des publics sur le tourisme durable.
Une double page dédiée a pris place dans le guide de destination. Une article sur les éco-gestes trouve sa place sur le site. Une fiche sur les éco-gestes en vacances est créée pour les partenaires et les vacanciers. Les réseaux sociaux servent de canaux pour relayer les gestes et événements écologiques. Le virage a été aussi réalisé au boulot avec les fameux « gestes simples » cités plus-haut.

Puis l’idée de la mise en place d’un défi équipe a vu le jour. Chaque mois, un membre de l’équipe organise un défi pour toute l’équipe. Il n’est pas forcément question de tourisme. Il s’agit de comportements de tous les jours. Arrêter les gels douche et utiliser les savons ; Visiter des producteurs locaux ; Recycler le marc de café. C’est pas pour du flan, il faut prouver son action avec une photo !

A l’été, l’initiative interne se duplique à l’échelle de la destination avec les voyageurs. A l’automne, les entreprises du tourisme s’impliquent comme les campings très intéressés.
Cette démarche de tourisme durable suit une logique implacable partant de la conviction interne au déploiement auprès des personnes volontaires. Cela résonne comme de bons ingrédients pour la sensibilisation des publics quelqu’ils soient.

 

Pour aller plus loin