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L’écodestination made in Les Landes

Cap au Sud, dans la forêt des Landes, où Béatrice, Caroline et leur équipe nous font plonger dans leur crédo de travail et de vie : le tourisme durable. Le Parc Naturel Régional des Landes de Gascogne était prédisposé à mettre en oeuvre une stratégie durable sur son territoire, si l’on en croit son acronyme. Ce qu’a réalisé l’équipe du PNR, c’est bien plus qu’une simple stratégie. C’est la mise en oeuvre d’un projet dont toutes les dimensions revêtent un caractère durable. C’est la fédération d’un réseau d’acteurs autour de valeurs et de codes partagés. Bienvenue dans l’écodestination made in Les Landes ! Comme nous le confie Caroline, il y a encore beaucoup de travail, mais la dynamique est lancée. Et avec les engagements pris par les directeurs d’offices de tourisme au #NADOT19, notre petit doigt nous dit que le PNR ne sera pas le seul territoire…

Caroline, c’est quoi une destination écotouristique, pour toi ?

Bonne question ! Pour moi, il n’y a pas vraiment de destination écotouristique, puisque nous n’avons pas vocation à devenir une « destination ». Ce que nous faisons, c’est impulser en interne et auprès des professionnels du territoire, des actions à mettre en oeuvre auprès de leurs clients. Il s’agit par exemple d’accompagnement à la qualification de l’offre sur des critères durables (écolabel, écogestes, classement).

Le projet a démarré en 2015 dans le cadre de l’appel à projets régional « Structuration touristique des territoires » (désormais appelé NOTT). Nous avons proposé un projet commun aux EPCI ayant des communes membres du PNR, allant du Bassin d’Arcachon au sud des Landes. L’objectif était de structurer l’offre et l’organisation touristique autour de l’écotourisme. Nous souhaitons que les projets menés sur le territoire aient tous une couleur verte et répondent ainsi aux attentes de nos visiteurs !

Notre premier portail, c’est un site dédié pour les acteurs de l’écodestination des Landes de Gascogne : https://ecotourismepro.jimdo.com/

Comment avez-vous réussi à mobiliser les partenaires autour du projet ?

En 2017, nous avons été accompagné sur l’organisation des ressources humaines par un formateur partenaire de la MONA, Jean-Pierre Conduché. Nous avons travaillé avec toute l’équipe projet (les salariés du PNR, des offices de tourisme et des EPCI). La méthode consiste à analyser nos manières de travailler pour décrypter les rôles en équipe et la contribution de chacun. C’est la méthode Belbin. Cela nous a permis de mieux nous connaître pour mieux travailler ensemble. Et surtout de nous engager dans une organisation souple (plusieurs structures, plusieurs organigrammes) : place au management participatif !

Chaque office de tourisme trouve des intérêts différents à faire partie du projet écodestination. Cela nécessite d’être prêt à l’entendre et de l’intégrer pour que chacun trouve sa place. Pour l’office de tourisme Sauternes Graves Landes Girondines, il s’agit de diffuser le projet à l’ensemble de l’EPCI, puisque toutes les communes ne font pas partie du PNR. Pour Coeur du Bassin d’Arcachon, c’est un élément de différenciation. L’écotourisme n’est pas le positionnement de toutes les stations du Bassin. Le Coeur joue donc la carte verte. Pour l’EPCI Coeur Haute Landes, cela apporte une ingénierie de projet supplémentaire pour accompagner les prestataires du territoire.

Mon rôle de cheffe de projets, c’est de coordonner ces différents intérêts et profils pour mener des actions avec un but commun.  C’est un projet d’équipe qui permet de valoriser l’expertise de chacun.

En matière d’organisation, qu’est-ce que cela implique ? Comment est organisée votre équipe projet ?

Nous fonctionnons avec des outils classiques (un comité de pilotage et un comité technique), mais organisés de manière souple et orientée sur l’action.

En interne, nous fonctionnons en mode projet, avec un management participatif. Pour réaliser le répertoire par exemple, nous avons constitué une équipe projet en fonction de nos profils Belbin. J’ai ensuite pu solliciter les membres selon leur « rôle », aux différentes étapes du projet (le brainstorming, l’organisation, l’exécution, le suivi…).

Nous privilégions les moments d’équipe pour avancer ensemble. Nous avons organisé notre premier slowminaire en 2018 : un séminaire où l’on se forme, où l’on apprend à mieux travailler ensemble et où l’on fait avancer les projets. Dans les cartons, nous avons aussi un « mémento de l’écodestination », à usage interne d’abord puis à partager avec les partenaires.

Au delà de l’équipe projet, nous souhaitons mettre en place un dossier de type « drive » partagé avec tous les interlocuteurs, pour le suivi des porteurs de projets. Dans le Massif Central, tous les acteurs (PNR, EPCI, OT, chambres consulaires,…) ont le même outil de suivi : cela nous simplifierait grandement la vie !

Les élus sont impliqués dans l’écodestination ?

Côté politique, l’objectif pour le comité de pilotage est de démontrer que les moyens mutualisés pour l’écodestination génèrent des retombées. Ils permettent de bénéficier de financements auxquels les membres du projet seuls n’auraient pas pu prétendre. 3 000€ de budget alloué à l’écodestination peuvent permettre de débloquer 70 000€ de budget actions, ce n’est pas négligeable !

En témoigne Jean-Luc Gleyze, Vice-Président du PNR des Landes de Gascogne chargé du tourisme, interviewé pour le « Journal du Parc » fin 2018.

Jean-Luc Gleyze, vous êtes vice-président du Parc naturel régional des Landes de Gascogne chargé du tourisme. Le Parc, les collectivités et les offices de tourisme des Landes de Gascogne travaillent main dans la main pour faire du Parc et de ses territoires voisins, une véritable Ecodestination qui réponde aux défis du tourisme de demain.

Ecodestination ? Qu’y a-t-il derrière cette notion ?

Nous avons la chance d’avoir un label de territoire de qualité reconnu : celui d’être Parc naturel régional. A ce titre, nous avons une double exigence face à notre territoire. Celle de respecter et préserver cet espace sensible mais aussi de le faire découvrir à ses habitants et d’amener les publics à prendre conscience de cet atout fragile. Un Parc c’est un outil d’éducation à l’environnement et aux patrimoines (biodiversité, traditions, culture, paysages). Cet espace privilégié, avec ses caractéristiques et ses richesses parfois mal connues, mérite un développement raisonné et respectueux de son environnement et de ses habitants.

La notion positive d’écodestination propose de concilier attractivité touristique, préservation de l’identité du territoire et réponse aux attentes nouvelles des clientèles qui souhaitent être davantage actrices de leurs vacances et de leurs loisirs et s’écarter du tourisme de masse.

Le label Parc garantit une connaissance pointue du territoire « Landes de Gascogne » et de son espace. Elle apporte de plus une vision d’ensemble grâce à la matière grise mise autour de ce projet commun.

D’où le portage par le Parc de ce projet. Quelles sont les actions mises en œuvre pour répondre à ces enjeux ?

Le Parc n’a pas vocation de faire à la « place de » mais de faciliter l’émergence de projets collectifs et éco-responsables. Grâce à un accompagnement personnalisé et attentif, il contribue à fédérer et coordonner l’ensemble des acteurs, prestataires touristiques et offices de tourisme autour d’actions collectives vertueuses. A travers des compétences et expertises complémentaires, le projet se donne les moyens de son ambition d’exemplarité.

La mobilisation de l’ensemble des acteurs touristiques, publics ou privés, répartis sur l’ensemble du territoire et à travers un travail collectif est reconnu et soutenu par la Région et les Départements. Cette reconnaissance donne ainsi les moyens financiers et humains de mettre en œuvre des actions. Elle permet enfin d’évaluer et projeter une feuille de route qui concoure à la création d’une offre originale.

Quelle chance pour le Parc d’inventer un autre tourisme ?

Je suis convaincu que l’écotourisme c’est le tourisme d’avenir. Les visiteurs sont lassés de la consommation passive, ils souhaitent être consom’acteurs et vivre une histoire dans un territoire respectueux de son identité et innovant dans ses propositions de découvertes.

Les Landes de Gascogne, c’est le poumon vert des agglomérations bordelaises et montoises. Nous offrons à ces clientèles urbaines, le dépaysement à proximité de chez eux. C’est une alternative à des destinations de vacances lointaines émettrices de CO2.

L’écodestination aide à répondre à ces enjeux sociétaux en évolution. Cette vision collective et partagée du territoire est productrice d’innovations et laboratoire d’idées grâce à des réseaux d’acteurs engagés vers le changement.  Il faut oser se tromper et surtout oser réussir.

Et côté prestataires ?

Pour les prestataires du territoire, c’est plus facile. Nous avons identifié nos interlocuteurs et les avons répartis en quatre typologies pour adapter notre discours (les utopistes, les pionniers,…).

Il parait que vous allez même jusqu’à sélectionner vos porteurs de projets… Cela donne quoi, concrètement ?

Béatrice a participé au groupe de travail impulsé par le réseau et animé par la MONA sur l’accompagnement des porteurs de projets. Ce fut l’occasion d’échanger des outils et méthodes avec les collègues d’autres territoires. Suite au stage de Julie Garcia (étudiante AGEST), nous disposons maintenant d’un bon inventaire et d’un document de référence parlant pour les élus et les directions d’offices de tourisme.

En 2019, nous travaillons sur un « répertoire de ressources partagées », qui s’appellerait « Bienvenue au projet ». L’idée est de fournir aux porteurs de projets un document ressource leur indiquant le bon contact selon leur avancée dans le projet. Nous avons recensé tous les partenaires potentiellement consultés dans le parcours du porteurs de projets, en nous mettant à la place de ce dernier.

Nous avons aussi en projet la rédaction d’un « pacte de partenariat », pour matérialiser nos engagements durables avec les partenaires.

En quoi le NOTT (appel à projets régional) a-t-il été un levier ?

C’est un travail de longue haleine lancé depuis plusieurs années. Je vois mon poste de cheffe de projets, financé en partie par la Région, comme un poste de facilitatrice temporaire. C’est indispensable pour lancer et pérenniser la démarche. Une fois que tout roule, il n’y a logiquement plus besoin d’animateur. Le cadre du NOTT permet d’échanger entre structures et de mutualiser les moyens.

J’aime beaucoup le réseau régional avec une solidarité entre chef(fe)s de projets super intéressante. On retrouve la même logique que dans le réseau des PNR. Systématiquement, cela me pousse à réfléchir à la mutualisation pour un projet collectif. C’est rarement le cas dans d’autres régions, du moins pas à ce point. Cela permet d’aller beaucoup plus loin sur l’ambition donnée aux projets.

Ton conseil aux territoires qui souhaitent prendre le virage de l’écodestination ?

Partagez ! Le secret, c’est les actions partagées. Un directeur de structure convaincu sans les salariés ne fait rien. Un territoire seul convaincu dans un projet collectif, non plus.

Nous sommes un des seuls territoires à avoir vraiment l’écodestination comme fil rouge. Cela renforce la légitimé du Parc pour mener ces actions. Notre spécificité, c’est d’apporter une « pâte verte » à tous les projets du territoire. Sur les projets numériques, nous encourageons l’écologie numérique. Sur la GPEC (Gestion Prévisionnelle des Emplois et des Compétences), nous poussons à prendre en compte la qualité de vie au travail. Pareil pour tous les sujets. Nous sommes intransigeants en interne, au sein de la structure Parc. Avec les partenaires, nous encourageons au maximum.

Dans le PNR des Landes, nous sommes convaincus que le bien-être humain est très lié à l’impact environnemental. Le partager permet de mettre en oeuvre un avenir vertueux. Un salarié épanouit au quotidien, c’est un acteur engagé.

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