Structurer et mailler son territoire pour assurer la diffusion de l’information touristique reste encore et toujours un enjeu fort pour les territoires touristiques, surtout quand ils sont confrontés à des choix cornéliens face à la dimension géographique de leur périmètre d’intervention, et des priorités à accorder au regard de tous les chantiers stratégiques de leur structure…
Rencontre avec Aurélie Moulié, directrice du syndicat mixte du tourisme du Nord Béarn. Nom de code ? Tourisme et loisirs en Coteaux Béarn Madiran !
Bonjour Aurélie, peux-tu nous présenter rapidement ton terrain de jeu avec l’équipe ?
Bonjour ! Le territoire est situé au nord des Pyrénées Atlantiques. Il est constitué de 139 communes (2 communautés de communes) à dominante rurale, avec un peu plus de 60 000 habitants au total. Nous sommes une équipe de 5 permanentes, s’appuyant aujourd’hui sur 3 bureaux d’information touristique (4 BIT étaient issus de la fusion de 2020, 3 ont été conservés à ce jour) mais aussi 5 points de documentation dans des lieux administratifs, pas forcément les plus adaptés pour de l’accueil ou du renseignement touristique.
Pourquoi se lancer dans ce projet de relais d’information touristique ?
Nous avons acté notre stratégie de développement touristique pour la période 2022-2026, afin de repenser le rôle et les actions de notre structure en matière de tourisme, visant notamment à développer les loisirs et le tourisme de proximité sur le territoire.
Notre stratégie prévoyait notamment un projet de « présentoirs stylisés » au départ, que nous avons développé en relais d’information touristique, avec à terme l’ambition d’aller jusqu’à des relais d’accueil touristique, pour aller au-delà de la diffusion de la documentation touristique.
Quelles étapes ont déjà été franchies ?
Après avoir suivi la formation « Intégrer ses prestataires dans sa stratégie d’accueil« , nous avons repris la base du SADI qui était existant à l’échelle du Béarn, afin de ne pas repartir de 0. A notre échelle, en plus de nos 3 BIT, nous mettions en oeuvre également quelques actions d’accueil hors les murs, que nous continuons encore aujourd’hui.
Nous avons particulièrement travaillé en équipe sur les objectifs que nous souhaitions atteindre en tant qu’équipe, et sur nos cibles. Dans l’ordre de priorité : les locaux (toute l’année), les excursionnistes, et les touristes (fréquentation majeure en Juillet/Août).
Puis il nous a fallu réfléchir aux lieux que nous souhaitions équiper en tant que relais d’accueil touristique. Nous avons pour cela défini des critères de sélection :
- Les mairies, particulièrement celles qui proposent une palette de services susceptibles d’attirer des flux qui ne viendraient pas naturellement dans un BIT (carte d’identité…)
- Les sites de visite ou prestataires d’activité qui génèrent des flux intéressants en volume (même s’il est difficile d’obtenir des chiffres précis, donc on se base sur notre expertise de l’offre)
- Les site et lieux qui proposent une amplitude d’ouverture conséquente
- Une volonté d’avoir un maillage territorial homogène, de façon à ne pas avoir de zone blanche
- Enfin le degré d’implication du partenaire pressenti dans les actions en matière de tourisme sur le territoire (subjectif mais gage de réussite pour la suite)
Aujourd’hui, nous avons pré-sélectionné une trentaine de lieux (6 mairies, une dizaine de boulangeries, une quinzaine de site de loisirs/patrimoine/gastronomie). En plus des critères définis ci-dessus, ils correspondent particulièrement à notre nouveau positionnement qui souhaite nous faire passer d’un « territoire » à une « destination » rurale qui valorise l’oenotourisme, l’itinérance et la gastronomie : « Saveurs et déambulations ».
Cette trentaine de relais va nous permettre de nous positionner sur 24 communes du territoire. Nous allons rentrer dans la phase de conventionnement avec chacun de ces acteurs pour entériner le dispositif. Viendront ensuite les étapes de :
- livraison des présentoirs, de la documentation touristique, et de sensibilisation pour les acteurs retenus
- communication du dispositif de RIT, en complément de notre dispositif d’accueil « classique » (BIT+ accueils hors les murs) à l’échelle du territoire
Peux-tu nous en dire un peu plus sur les RIT au sens technique ? Ces fameux présentoirs ?
Trouver un prestataire n’a pas été le plus simple. Mais après avoir fait une étape importante de benchmark, nous avons sélectionné une entreprise qui va nous fabriquer 2 types de présentoirs :
- un format en aluminium de 1m70 de haut, pour les RIT qui peuvent accueillir un présentoir de ce type et dont les flux justifient un volume important de documentation touristique. Le présentoir permet dans ce cas-là de faire également de la promotion/communication autour de la destination, avec des visuels impactants.
- un format cartonné, avec moins d’emprise, pour les lieux plus petits, ou qui demandent à ce que le mobilier se fonde dans ce qui existe déjà en matière d’accueil.
La livraison de ces présentoirs est attendue pour mi-Juin 2024, en même temps que notre documentation touristique, pour pouvoir aller équiper individuellement tous ces RIT.
Côté documentation, on retrouvera : notre guide touristique (« Saveurs et déambulations »), la route des vignobles du Madiran, les circuits de coeur historique (selon les sites concernés), et en été uniquement les animations viticoles ainsi que nos visites guidées.
Quels sont vos engagements mutuels ?
Le RIT s’engage à accueillir le présentoir, à le ré-alimenter en documentation (stock laissé à disposition par l’OT), et à en prendre soin (la propriété reste celle de l’OT).
De notre côté, nous nous engageons à faire le ré-assort de stock de documentation dès que nécessaire, et à communiquer autour du dispositif global des RIT, et donc à valoriser leur lieu/site en tant que tel.
L’objectif est vraiment de trouver un équilibre entre le besoin de renseigner le maximum de visiteurs sur les sites qui reçoivent du public, et celui de ne pas diminuer la fréquentation de nos propres bureaux.
Côté budget cela donne quoi ?
Nous avions prévu un budget global dédié à hauteur de 13 000 euros, principalement en investissement pour la conception des présentoirs. Mais nous étions partis sur une base de 60 RIT. Au regard du calendrier, de la faisabilité en matière d’absorption par l’équipe de la charge de travail que cela demande, nous avons préféré réduire la quantité et favoriser la qualité du dispositif. En espérant continuer le développement en 2025 évidemment. Il a fallu également revoir à la hausse les volumes d’impressions de notre documentation touristique. Jusque là nous arrivons quasiment à ne pas gâcher/jeter en fin d’année. Nous souhaitons rester dans cette optique, c’est pourquoi pour notre guide touristique nous avons fait le choix de passer de 7 000 exemplaires imprimés. à 10 000, pour pouvoir assurer la diffusion via les RIT.
Vous vous projetez donc déjà sur la suite ?
Oui, car on souhaite ensuite aller sur le terrain de la sensibilisation/formation des RIT à l’accueil et au renseignement touristique, pour devenir de vrais relais d’accueil touristique. Et des maires nous ont déjà sollicité pour savoir s’ils pourraient bénéficier d’un présentoir pour des manifestations qu’ils organisent sur leurs communes. Dans ce cas là il nous faudrait avoir quelques présentoirs en stock pour pouvoir en disposer dans une logique événementielle, sachant que cela ne serait pas associé à une présence physique et humaine de l’OT, uniquement sur de la diffusion de documentation, donc c’est d’ores et déjà un champ à explorer très prochainement.
Un grand merci Aurélie pour ce point de passage concernant le déploiement de ce beau projet, en attendant d’en découvrir les premiers résultats !