L’apprentissage mis en lumière par Royan Atlantique !
Fabien Raimbaud
Une journée aux couleurs de l’apprentissage dans le secteur touristique
Le 14 mars à Saujon (17) s’est tenue une Rencontre dédiée à “l’apprentissage dans le secteur touristique”. Organisée intégralement par les apprentis du BTS Tourisme de Cordouan, le coaching et l’appui technique de l’Office de tourisme de Royan Atlantique ont permis de faire de cette journée un évènement fédérateur. Près d’un centaine de personnes avaient répondu présent (professionnels, apprentis et nouveaux candidats). A cette occasion, la MONA était ravie d’animer un atelier « Agitateur d’idées » pour faire ressortir les clés de réussite d’un contrat d’apprentissage.
Parmi les acteurs importants de cette journée, nous avons proposé à Nathalie Sablon et à Nicolas Monseigne de se prêter au jeu des questions/réponses. Nathalie Sablon est responsable partenariat & évènementiel à l’Office de tourisme de Royan Atlantique. Elle a été le véritable chef d’orchestre de cette rencontre avec Le Lycée et les 8 apprenties en charge de l’organisation de cette opération. Nicolas Monseigne est, quant à lui, directeur de l’Office de Tourisme de Blaye et est venu apporter son témoignage à cette occasion.
Interview de Nathalie Sablon (Responsable partenariat & évènementiel de l’Office de Royan Atlantique) :
« Pourquoi une journée dédiée à l’apprentissage sur le territoire de Royan Atlantique ? Quel rôle l’Office de tourisme a-t-il joué ? »
Nathalie Sablon : « Parce que le lycée Cordouan de Royan, qui est labellisé Lycée des métiers du tourisme, propose depuis plusieurs années un BTS Tourisme en alternance. Il souhaitait dédié un temps fort « hors les murs » sur cette thématique afin de mieux faire connaitre cette voie d’apprentissage aux socio-professionnels et aux étudiants.
L’équipe d’organisation souhaitait une journée la plus interactive et créative possible. Etant d’une part, responsable du partenariat événementiel au sein de l’Office de tourisme et d’autre part formatrice professionnelle auprès des BTS Tourisme en alternance au lycée Cordouan depuis plusieurs années, il m’a semblé naturel et évident d’associer l’office à ce projet. Dans les multiples missions qu’a l’office il y a celles où nous sommes créateurs et facilitateurs de lien sur le territoire. Nous formons également des jeunes et revêtons la casquette de maître d’apprentissage depuis plusieurs années ce qui nous permet d’en parler facilement aux entreprises touristiques du territoire.
« Quels ont été les moments clés et principaux enseignements de cette journée ? »
Nathalie Sablon : « Plusieurs moments forts ont ponctués la journée bien sûr mais je dirais que l’atelier « agitateur d’idées » a donné le tempo et l’esprit de la journée et au passage un grand merci à toi Fabien et à la MONA pour ton animation, écoute et soutien !
Voici sinon les enseignements principaux que je retiens :
– l’apprentissage est un contrat de confiance et de respect entre 3 parties : le centre de formation (l’outil pédagogique), le maître d’apprentissage et l’apprenti.
– le cadre scolaire doit se nourrir de l’apprentissage dans l’entreprise et vice versa.
– l’apprenti doit choisir cette voie par conviction et engagement et non par défaut.
– les compétences sont mises au coeur de la formation et enfin, le maître d’apprentissage est comme un « coach »pour le jeune. »
« Quels arguments donnerais-tu à un employeur qui hésite à se lancer dans le recrutement d’un apprenti ? »
Nathalie Sablon : « Parce qu’un apprenti d’aujourd’hui est un bon collaborateur pour demain. »
« Toi qui enseigne et encadre des jeunes en apprentissage au BTS Tourisme du Lycée Cordouan depuis 6 ans, quel regard portes-tu sur leur parcours entre le moment où il démarre leur contrat et leur évolution deux ans après… ? »
Nathalie Sablon : « Je suis toujours aussi étonnée, ravie et « bluffée » de voir ces étudiants évoluer, progresser, et prendre une posture pro assez vite. C’est le résultat de l’alternance entre la formation et l’entreprise.
Et quel bonheur pour moi de voir les 2èmes années s’impliquer totalement dans le montage de ce projet « grandeur nature » que nous avons préparer depuis 6 mois. »
« Une dernière chose à nous partager, à partager aux collègues du réseau des Offices de tourisme en matière d’apprentissage ? »
Nathalie Sablon : « Il faut bien sûr plusieurs ingrédients pour faire d’un contrat d’apprentissage une véritable réussite mais quand tout est réuni l’expérience est très enrichissante tant sur le plan humain que sur le plan professionnel.
Comme certains de nos collègues, je vous encourage à tenter l’expérience ! Et c’est avec plaisir que j’échangerai avec vous sur ce sujet. »
Interview de Nicolas Monseigne (Directeur de l’Office de Blaye) :
« Nicolas, tu es venu témoigner en tant qu’employeur d’une apprentie du BTS Tourisme lors de cette journée. Quel message principal souhaitais-tu faire passer au public présent ? »
Nicolas Monseigne : « Il y en avait en fait plusieurs. A destination des employeurs, je voulais souligner le rôle de responsabilité sociale des entreprises qu’il y avait à accueillir des apprentis, avec l’objectif de former, de qualifier, de professionnaliser nos futurs salariés. Aux représentants de la formation, je tenais à dire l’importance d’une formation bien ancrée dans un territoire suffisamment large, afin de contribuer au développement économique et social par la formation, et bien sûr valoriser toute la complémentarité qu’apportaient les périodes en entreprise par rapport à l’enseignement plus théorique (mais ça, en principe, ils en sont largement convaincus !!). Ce qui suppose des échanges réguliers entre CFA et employeurs pour adapter au mieux les conditions d’apprentissage. Et aux apprentis, je voulais rappeler qu’ils étaient des salariés, certes apprenants, mais salariés, et que l’engagement dans la structure devait donc être total. »
« En tant que directeur, au sein de l’équipe vous en êtes à votre 3ème contrat d’apprentissage au sein de l’Office, sur quels types de mission finalement un apprenti peut s’épanouir pleinement ? Comment le recrutement s’opère ? »
Nicolas Monseigne : « On recrute un apprenti comme on recrute n’importe quel salarié. Evidemment, on prend en compte le fait qu’il vient pour apprendre. On ne va donc pas chercher à détecter des compétences validées par l’expérience, ce qui nous intéresse c’est plutôt de détecter un potentiel, un état d’esprit. Car l’apprenti vient avec sa fraîcheur et sa motivation, mais aussi avec ses atouts, qui pourront d’autant plus s’épanouir que l’employeur aura une vraie volonté de donner toute sa place à l’apprenti. Lors de la rencontre sur l’apprentissage de Royan, un employeur témoignait par exemple de tout le bénéfice qu’il avait eu à accueillir une apprentie plus spécialiste que lui des réseaux sociaux…
La première apprentie que nous avions accueillie était issue de Licence Pro E-Tourisme, et a pu donc travailler sur l’animation de communauté et la création de contenus, actions sur lesquelles nous avions du mal à dégager du temps dédié. Nous travaillions ensemble sur les objectifs et la méthode, elle déroulait son action, et on contrôlait ensuite la production ensemble. C’est un peu le même process que nous appliquons aujourd’hui sur le conseil en séjour, et peut-être demain sur le guidage, puisque nous étudions la possibilité d’accueillir un apprenti sur ce type de mission. »
« Quels arguments donnerais-tu à un employeur, un collègue du réseau qui hésite à se lancer dans le recrutement d’un apprenti ? »
Nicolas Monseigne : « On investit pour l’avenir, sur des métiers parfois en tension. Il y a là certainement un vrai enjeu de filière à investir massivement sur ce type de contrat de travail /partenariat avec les CFA. Car plus les entreprises seront nombreuses à se lancer, plus la montée en qualité et en professionnalisme sera importante, avec des personnels qui connaissent mieux nos offres, nos outils, nos missions. Et donc un développement économique des territoires par le tourisme qui en sera conforté ! »
« Un dernier conseil à partager, un piège à éviter… ? »
Nicolas Monseigne :« Il faut je pense éviter de rentrer dans l’accueil d’apprentis par le seul prisme du coût, surtout quand on vise l’accueil de BTS, LPro, voire Master : les subventions ne sont plus si incitatives, comparées à celles attribuées à des apprentis de niveau Bac et inférieur. En revanche, l’accueil d’un apprenti de BTS par exemple permet de travailler sur une période de deux ans. Il va donc mieux intégrer et appliquer les process internes, et assez rapidement travailler en transversalité…
Et de même, il vaut mieux éviter d’accueillir des apprentis pour couvrir des besoins d’emploi structurels, sous peine de n’avoir un personnel pleinement opérationnel que quelques mois par période de deux ans ! »